"En mai 2023, une étude du CNRS mettait en évidence la disparition des oiseaux des champs en Europe, qui ont perdu 60 % de leurs effectifs (soit 800 millions d’oiseaux disparus) en à peine quarante ans. Au-delà des oiseaux, c’est en réalité toute la chaine du vivant qui s’est effondrée dans nos campagnes depuis la deuxième guerre mondiale, victime des pesticides, du remembrement et de la mécanisation à outrance, au nom de l’indépendance alimentaire. Or, dans un texte publié en juin 2023, plus de 3 000 scientifiques démontraient que notre souveraineté alimentaire est désormais surtout menacée par le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité, essentielle pour la fertilité des sols et la pollinisation de nombreuses cultures". Source LPO


A titre liminaire ce constat de l'IPBES de 2019: amisdekervoyal.viabloga.com/news/biodiversite-rapport-alarmant-de-l-ipbes-du-6-mai-2019

Réaction de la LPO (Ligue pour le Protection des Oiseaux)

Réaction d'Eaux et Rivière de Bretagne

Communiqué de presse de FNE du 1er février 2024:

AGRICULTURE : GABRIEL ATTAL TIRE À CÔTÉ DE LA CIBLE UNE FOIS SUR DEUX

Le Premier ministre s’est de nouveau exprimé aujourd’hui sur les questions agricoles. La présence de Bruno Le Maire traduit un début de prise de conscience de la logique industrielle du modèle d’agriculture défendu par la FNSEA. Celle de Christophe Béchu pourrait suggérer la reconnaissance du rôle clé de l’agriculture dans la lutte contre le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Une reconnaissance malheureusement balayée par la volonté de complaire à la FNSEA. Symboliquement, le mot « biodiversité » n’est toujours pas prononcé, pas même par le ministre de l’écologie. Analyse de ces quelques pas en avant et gros pas en arrière, et de l’éléphant absent.   

 Quelques mesures qui visent juste… 

Quelques-unes des mesures annoncées par le Gouvernement vont permettre de traiter des vrais sujets :

Appliquer la loi Egalim, notamment pour que l’Etat et les collectivités territoriales proposent du bio et du local dans les cantines : un vrai sujet à la fois pour la santé des Français·es et pour créer des débouchés pour le bio ;  

  • Veiller à ce que la grande distribution n’impose pas des prix impossibles, pour que les agriculteurs et agricultrices puissent vivre de leur métier ;   

  • Refuser le traité Mercosur : c’est indispensable. Il faut même aller au-delà et bloquer tous les accords de libre-échange, nocifs pour notre agriculture et la santé des Français·es ;  
  • Instaurer plus de transparence sur l’origine des produits : c’est un enjeu aussi pour les consommateurs ; 
  • Appliquer des clauses miroirs pour ne pas importer des aliments traités avec des pesticides interdits en Europe.

… et beaucoup qui tirent à côté 

De nombreuses mesures sont des erreurs, sacrifiant l‘environnement à la démagogie et ne permettant pas de régler les réelles causes de la crise agricole :  

  • Aucun pesticide ne pourra être interdit en France si ils ne sont pas interdits au niveau européen : le premier ministre n’a semble-t’il pas pris le temps de se faire conseiller correctement sur le sujet. Les autorisations de mise sur le marché concernent au plan européen les substances, et au plan national les préparations. Il n’est pas anormal de voir des substances autorisées et de refuser l’homologation dans certains pays de préparations à base de ces substances ou d’en règlementer l’usage. C’est comme regretter que le Cognac soit interdit aux mineurs en France alors que l’alcool n’est pas interdit par l’Europe.

 Les dérogations aux règles protégeant les prairies et zones humides et instaurant des « jachères » par exemple vont avoir un effet très négatif sur la biodiversité, sans changer grand-chose aux revenus des agriculteurs et agricultrices. Il faut garder en tête le but de ces normes :

« Jachères » : en réalité « surfaces d’intérêt écologique », sont des terres, mais aussi des haies ou des arbres nécessaires à la biodiversité et aux pollinisateurs = moins de pesticides = économies pour les agriculteurs et gain pour la santé de tous !  

◦ Préservation des prairies et des zones humides = préservation de la biodiversité + stockage du carbone et de l’eau = atténuation du dérèglement climatique et des effets des sécheresses l’été qui frappent de plein fouet les agriculteurs ! Les prairies dans lesquelles les bêtes pâturent participent au bien-être animal et à des productions de qualité à  l’inverse des fermes usines industrielles.  Alors que les éleveurs sont parmi les agriculteurs les plus en difficulté, déroger à la protection des prairies ou des zones humides est totalement contreproductif ;

  • Mise à l’arrêt du plan Écophyto : c’est un scandale sanitaire, une régression grave pour la santé des citoyen·nes. Gabriel Attal semble oublier que si on essaye de faire baisser l’utilisation des produits phytosanitaires, c’est parce qu’ils sont cancérogènes (y compris et surtout pour les agriculteur.ices) et une des causes majeures de l’effondrement des populations d’insectes et d’oiseaux.  
  • Un discours sur les normes environnementales, à côté de la plaque car elles ne sont pas à l’origine des difficultés de la profession.   

La réforme de la PAC, grande absente des annonces  

Nous regrettons que, malgré la multiplication des annonces, Gabriel Attal garde le silence sur la mesure la plus nécessaire pour s’attaquer à la racine du problème : une vraie réforme de la PAC (et du plan de déclinaison français qui peut être revu dès demain), pour encourager une transition vers une autre agriculture, permettant aux agriculteurs et agricultrices de vivre de leur métier et de produire une alimentation saine, consommée localement. Plutôt que le système actuel qui encourage à produire à n’importe quel prix, y compris en détruisant la biodiversité et la santé des agriculteurs et agricultrices et des consommateurs et consommatrices, pour continuer d’exporter.  

Pour aller plus loin